
Boycott d'Israël
Lundi 29 juin 2020 par
Surfant sur la vague des débats sur le passé colonial de la Belgique au Congo, quelques associations bruxelloises pro-palestiniennes se sont rassemblées devant la statue équestre de Léopold II pour dénoncer la politique israélienne et assimiler l’Etat d’Israël au Congo belge.
© Regards
Environ 500 personnes ont manifesté dimanche après-midi place du Trône à Bruxelles, devant la statue équestre de Léopold II. Il s’agissait de dénoncer le projet d’annexion des colonies israéliennes de Cisjordanie que le gouvernement israélien entend mettre en œuvre dès le 1er juillet.
Cette manifestation n’a rien de neuf ni d’exceptionnel d’autant plus qu’elle a été organisée par les associations que l’on retrouve à chaque fois dans ce type de mobilisation : ABP, UPJB, etc.
Rien de neuf si ce n’est le choix du lieu. D’habitude, elles se rassemblent devant l’ambassade d’Israël, la gare centrale, la Bourse, la Commission européenne ou défilent dans les rues de Bruxelles de la gare du Nord jusqu’au Parlement européen.
Ce dimanche, c’est place du Trône, devant la statue équestre de Léopold II, qu’elles se sont réunies pour rappeler que « la colonisation de la Palestine par Israël n'est pas un fait nouveau », qu’elle « a commencé en 1948 », appeler au boycott d'Israël et exiger des sanctions internationales contre ce Etat.
Même si elles sont conscientes que leur action n’influencera pas le gouvernement israélien, les associations organisatrices savent bien que les symboles sont importants. Et le choix de la statue de Léopold II située derrière le Palais royal est symboliquement et politiquement très fort. Il permet de mieux délégitimer l’Etat d’Israël en l’assimilant à la présence coloniale belge au Congo entre 1885 et 1960.
Et comme aujourd’hui, ce passé colonial belge est à juste titre synonyme d’horreurs, d’exploitation et de crimes, il permet à tous ces militants anti-israéliens de mieux assimiler Israël au mal et de se rapprocher de la nouvelle génération des militants antiracistes très sensible à la mémoire coloniale.
C’était dans l’air depuis quelques semaines. Lors des manifestations dénonçant le racisme et les violences policières en France et aux Etats-Unis, des pancartes accusant Israël d’être le « laboratoire des violences policières » étaient mises en avant. D’autres encore accusaient Israël d’avoir formé les policiers ayant tué George Floyd à Minneapolis !
Aussi grossières qu’elles puissent paraître, ces accusations et ces assimilations d’Israël au Congo belge sont puissantes symboliquement et sont capables de mobiliser davantage que par le passé. Précisément, car le registre actuel des mobilisations (climat, antiracisme, etc.) est celui de l’émotion. Un registre dans lequel tous les coups sont permis, car ils sont infligés au nom du bien et des victimes.