CCLJ - Centre Communautaire Laïc Juif David Susskind
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Israël

Le soldat Elor Azaria reconnu coupable d'homicide

Mercredi 4 janvier 2017 par Nathalie Hamou

Le procès du sergent franco-israélien a profondément divisé la société israélienne. De l’avis des spécialistes, cet incident rarissime n’est en rien représentatif de l’attitude des soldats de Tsahal.

Manifestation de soutien au sergent Azaria, Tel-Aviv, 4/1/2017

Accusé d'avoir achevé en mars dernier un assaillant palestinien blessé à Hébron (en Cisjordanie), le sergent Elor Azria a été à l’unanimité reconnu coupable d'homicide par un tribunal militaire israélien, ce mercredi 4 janvier 2017, à l’issue d’un procès exceptionnel qui a profondément divisé le pays. Il faudra encore attendre un autre mois pour connaître la sentence de la Cour martiale à l’encontre de ce soldat dont la condamnation pourrait lui valoir plusieurs années de prison.

Pour justifier leur verdict, les juges de Tel-Aviv ont rejeté les allégations de la défense du sergent Elor Azaria, âgé de 20 ans, selon lesquelles ce dernier se serait senti menacé et aurait agi en situation de légitime défense. Le jeune soldat de Tsahal, qui dispose de la citoyenneté française, est jugé depuis mai 2016 pour avoir tiré une balle dans la tête d'un Palestinien gisant au sol et apparemment hors d'état de nuire après avoir attaqué au couteau des soldats israéliens.

La brigade du soldat Elor Azaria, le bataillon et ses commandants ont témoigné qu'ils ne partageaient pas le point de vue du soldat face à la situation, critiquant fortement sa décision d'avoir tiré. Tous les trois ont affirmé qu'il n'y avait aucune crainte que le terroriste ait été armé d'explosifs.

Peu avant la lecture du verdict, plusieurs centaines de manifestants, issus pour certains d’organisations d’extrême droite comme Lehava, s’étaient massés aux abords du tribunal militaire, situé à quelques encablures de la Kirya (le quartier général de l’armée) pour apporter leur soutien au sergent Elior Azaria. Non contents de scander des slogans racistes comme « Mort aux Arabes », ils ont proféré des insultes à l'encontre des forces de l’ordre et des journalistes.

Une violence qui illustre si besoin était l'importance symbolique de cette affaire pour la société israélienne. En tirant à bout portant sur un assaillant palestinien à terre à Hébron, devant la caméra d’un membre de l'ONG B’tselem, le jeune conscrit s'est en effet attiré autant de détracteurs que de défenseurs...

Confusion des esprits

La veille du jugement, le chef d'état-major, Gadi Eizenkot, qui plaide pour le respect des consignes de tirs interdisant d'achever un blessé ne présentant plus de danger, a ainsi déploré la « confusion des esprits qui porte atteinte à nos institutions et à nos exigences envers nos soldats ». « Un homme de 18 ans qui sert dans l'armée n'est pas notre enfant, ce n'est pas un bébé, c'est un combattant, un soldat », a affirmé le général Gadi Eizenkot en réponse à une campagne menée par la famille et les sympathisants d'Elor Azaria, ainsi que par certains responsables politiques qui présentent le soldat comme « l'enfant » de tous les Israéliens.

Parmi les leaders politiques à avoir pris très tôt la défense d’Elor Azria figure notamment le chef de file du parti ultranationaliste « Israël notre Maison », Avigdor Lieberman, actuel ministre de la Défense. Tandis que le leader du parti sioniste religieux « Foyer Juif » et ministre de l’Education, Naftali Bennett, a estimé que le sergent Azaria devait bénéficier immédiatement d’une grâce présidentielle. L’avocat du soldat a indiqué qu’il ferait appel de la décision du tribunal militaire.

Pour sa part, l’universitaire Asa Kasher, co-auteur d’un code d’éthique de Tsahal, a rappelé que cette affaire constituait une « rareté ». « L’affaire Azaria est un cas rarissime et à ce titre, ne doit pas être exploitée. Elle n’est en rien représentative de la conduite de Tsahal vis-à-vis de ses soldats ou des Palestiniens ». Asa Kasher a toutefois déclaré qu’il restait indispensable de continuer à éduquer les soldats israéliens et à leur enseigner les valeurs morales de façon plus concrète. « Le message doit être clair : un terroriste qui ne présente pas de danger doit être soigné et non abattu ». 


 
 
 

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