Dans la même rubrique
Djihadisme
Jean Birnbaum, la religion des faiblesCentre d'éducation à la citoyenneté
Exprimer nos émotions pour résoudre des conflits?
Au CCLJ
Vendredi 1 Février 2019 par
Publié dans Regards n°1037
Dans un film émouvant, David Susskind (Suss) raconte à Lukas Pairon les années qu’il a passées à la Yeshiva de Heide, situé près d’Anvers. Ce document exceptionnel sera diffusé le dimanche 10 février 2019 à 14h au CCLJ en présence de Lukas Pairon, originaire de ce village et d’Isi Halberthal, ancien élève de cette yeshiva.
Heide-Kalmthout est un village situé au nord d’Anvers où Lukas Pairon, directeur artistique du Festival van Vlaanderen et fondateur du Music Fund, a grandi. Ce village s’est développé en grande partie au début du 20e siècle grâce aux Juifs d’Anvers qui y ont bâti une synagogue. Si Heide a joui d’une renommée internationale au sein du monde juif, c’est surtout grâce à la Yeshiva (école talmudique) que les Juifs d’Anvers y ont également fondée.
David Susskind, le fondateur du Centre communautaire laïc juif (CCLJ), a étudié pendant plusieurs années dans cette yeshiva, qui fut aussi la première à être créée en Belgique. Ayant connu David Susskind dans le cadre de ses activités en Israël et dans les Territoires palestiniens, c'est au détour d'une conversation que Lukas Pairon a fait cette découverte. « Je lui expliquais qu’un groupe de Heide-Kalmthout avait créé l’association Synagogue-Heide. Celle-ci se livre à un travail de mémoire sur la présence juive dans ce village et œuvre pour la restauration de la synagogue qui était en piteux état faute de fidèles », explique Lukas Pairon. « C’est alors que David Susskind s’est exclamé qu’il connaissait bien Heide, parce qu'il avait passé une partie de sa scolarité à la yeshiva. Il fallait absolument qu’il raconte cette histoire étonnante ».
En réalité, le parcours de David Susskind n’est étonnant qu’en apparence. L’immense majorité des Maskilim (disciples des Lumières juives) et des penseurs de la modernité politique juive sont bien souvent des échappés de Yeshiva. Et ils ont su généralement transposer leurs connaissances talmudiques dans les combats émancipateurs qu’ils ont menés.
Par ailleurs, David Susskind n’a jamais déclaré la guerre à la religion. En tant que Juif laïque et dirigeant communautaire, il s’est essentiellement battu pour le pluralisme au sein du judaïsme et pour que les Juifs ne se reconnaissant pas/plus dans la tradition religieuse aient toute leur place dans la communauté juive. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder l’entretien filmé que David Susskind a accordé en 2008 à Lukas Pairon et l’association Synagogue-Heide.
Un Rosh Yeshiva ouvert et juste
C’est avec tendresse qu’il raconte les années qu’il a passées à la Yeshiva de Heide. Les mots qu’il a pour le Rosh Yeshiva, le Rav Shapiro, sont empreints de respect et d'affection. « C’était un excellent pédagogue, un homme ouvert et juste », se souvient David Susskind, qui raconte aussi comment ce professeur a essayé de sauver ses élèves de la déportation. Suite à la trahison d’un pseudo- passeur qui les a livrés aux Allemands, ils ont été envoyés à Malines d’où ils seront déportés à Auschwitz-Birkenau.
Dans ce film plein d’anecdotes, David Susskind réussit surtout à expliquer comment il est passé du judaïsme orthodoxe au militantisme juif laïque en passant par le communisme. Et cette évolution n’a absolument rien d’anecdotique. Elle est celle qu’ont suivie de nombreux Juifs à travers le monde au 20e siècle.
Un film inédit qu’il faut absolument voir et qui nous permet de retrouver « Suss » dans toute sa splendeur.
Ajouter un commentaire